Les médicaments ne sont pas épargnés par la contrefaçon. Un médicament sur dix vendu dans le monde est une contrefaçon. Les conséquences sont dramatiques près de 700 000 décès par an sont dus à la vente de faux médicaments. Il devient de plus en plus difficile pour le patient de dissocier le bon médicament d’un produit chimique d’origine douteuse. De ce fait, il est fortement recommandé de doubler de vigilance. Nous vous présentons les dangers de la contrefaçon de médicaments et comment les eviter.
Selon l’ONG de santé publique Pharmaceutical Security Institute, le trafic de faux médicaments augmente en France tout comme dans le monde. Le nombre de problèmes associés à la prise de faux médicaments à augmenter de 60% en moins de cinq ans. En 2006 le marché illégal produisait 75 milliards et ce chiffre pourrait monter à 200 milliards de dollars de retombées économiques par an. En effet la vente de faux médicaments rapporterait jusqu'à 500 fois leur prix initial aux mafias.
Qu’est-ce qu’un médicaments falsifiés et médicaments contrefaits
Au cours de l’Assemblée mondiale de la santé en Mai 2017 l’Organisation Mondiale de la Santé a adopté des définitions de travail précises pour qualifier les falsifications de médicaments. Ainsi trois catégories de situations ont été distinguées pour chaque produit médical falsifié (médicament, vaccin et dispositif médical).
Les produits de qualité inférieure
Il s’agit de produits qui n’ont pas été fabriqués conformément aux bonnes pratiques de fabrication et qui ne satisfont pas aux normes de qualité. Les causes peuvent en être variables : stockage dans de mauvaises conditions ou utilisation d’un mauvais principe actif par erreur.
Les produits falsifiés
Contrairement aux de la précédente catégorie, il s’agit ici de produits qui ont été sciemment falsifiés par le fabricant. Si l’emballage imite à la perfection celui du vrai médicament, le médicament contient en revanche des quantités trop faibles ou trop élevées de principe actif ou aucun principe actif, voire même des substances toxiques pour la santé humaine.
Les produits non enregistrés
Il s’agit de produits qui soit n’ont pas été évalués selon les procédures prévues, soit n’ont pas été approuvés, soit ni l’un ni l’autre.
Les médicaments falsifiés ne doivent pas être confondus avec :
- Les médicaments génériques : les médicaments génériques sont des copies autorisées de princeps. Ces génériques sont autorisés par la loi dès que le brevet du principe actif du médicament de référence est tombé dans le domaine public, généralement au bout de 20 ans à partir de la date du dépôt du brevet, sauf prorogation par un CCP (certificat complémentaire de protection d’une durée maximale de 5 ans après l’expiration du brevet). Ils sont aussi concernés par la falsification.
- L’importation parallèle : importation d’une spécialité pharmaceutique en provenance d’un autre Etat Membre, ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) et dont la composition qualitative et quantitative en substances actives est identique à celle d’une spécialité ayant une AMM délivrée par l’ANSM.
Il s’agit d’un mécanisme légal sous réserve de respecter un certain nombre d’obligation. Néanmoins, l’importation parallèle des médicaments nécessite une surveillance accrue dans la mesure où les falsificateurs utilisent ce canal pour introduire des produits falsifiés sur un marché donné.
Comment reconnaître une contrefaçon ?
Sans pouvoir établir une liste exhaustive des caractéristiques d’une contrefaçon, certains détails doivent éveiller l’attention :
- Prix anormalement faible ;
- Numéro de lots et dates de péremption ne correspondant pas à ceux employés par l’exploitant de manière habituelle ;
- Circuit de distribution ne pouvant être établi ;
- Conditionnement secondaire (carton d’emballage du médicament par exemple) non conforme ;
- Signalement par un patient d’effets indésirables nouveaux : c’est souvent le premier moyen de dépistage des contrefaçons ;
- Signalement d’un patient concernant un défaut de qualité d’un médicament.
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Quels sont les risques pour la santé ?
Les médicaments contrefaits sont une menace pour la santé et la sécurité des patients dans le monde entier. Ils peuvent n’avoir aucun principe actif ou contenir de dangereuses impuretés, ils peuvent imiter des médicaments de marque, des génériques ou des médicaments vendus en pharmacie sans ordonnance.
La consommation d’un médicament ne contenant pas la dose de principe actif attendue ou intégrant un autre principe actif, met en danger la santé du patient : absence d’effets thérapeutiques, complications.
La possible présence de substances toxiques est source d’aggravation de l’état de santé du patient.
Dans le cadre de la vente sur Internet, les modes de distribution n’utilisent pas, en règle générale, les établissements de la chaîne pharmaceutique régulièrement contrôlée par les autorités sanitaires. Dans ces conditions, ni la qualité, ni les conditions de conservation des médicaments ne peuvent être garanties.
En achetant librement sur Internet des médicaments soumis à prescription médicale, qu’ils soient contrefaits ou non, le patient ne bénéficie d’aucun suivi médical et court ainsi le risque de mauvais usage.
Les médicaments les plus souvent commandés sont généralement les produits du dysfonctionnement érectile (Viagra®, Cialis®) ou les anorexigènes
Selon l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (l'Ircam), les importations parallèles, la libre circulation des médicaments et les possibilités d’achat sur internet contribuent à fragiliser le système et exposent les marchés nationaux à des risques croissants d’entrées de faux médicaments.
Quel est le principal vecteur de vente de produits contrefaits en France ?
Internet s’avère être l’outil favori des trafiquants de médicaments. Des pharmacies en ligne se créent en un clin d’œil. Le caractère insaisissable de ce commerce rend les décisions difficiles. Chaque jour une vingtaine de nouvelles pharmacies en ligne ouvrent dont 90% sont illicites.
«Le trafic de faux médicaments sur Internet est gigantesque : 50% des médicaments achetés sur la toile sont falsifiés et 95% des sites qui en proposent sont illégaux. Aux Etats-Unis, par exemple, les enveloppes de moins de 20 g ne sont pas fouillées. Les faux médicaments circulent alors dans des courriers dont le poids n’excède pas 19 g.» explique Bernard Leroy, directeur de l’IRACM.
L’achat des médicaments en ligne est rendu possible par la directive médicaments falsifiés et a fait l’objet d’une transposition très hétérogène dans ses conditions d’application dans les Etats membres. En effet, les personnes habilitées à vendre sur internet et le type de médicament autorisés à être vendus diffèrent d’un Etat à un autre.
Pour mieux lutter contre ce phénomène, la vente par correspondance de médicaments en France est désormais strictement encadrée et réglementée comme suit :
- Seuls les médicaments sur prescription facultative peuvent être vendus sur internet.
- Seul un pharmacien diplômé peut commercialiser des médicaments en ligne et un site Internet doit renvoyer à une officine
Par ailleurs, les pharmacies en ligne doivent être enregistrées et listées sur le site de l’agence nationale du médicament, en France l’ANSM.
Plus important encore, les pharmacies en ligne ont l’obligation d’apposer un logo sur leur site : il s’agit du logo commun. En cliquant sur ce logo, le patient doit être rédigé sur le site de l’agence nationale du médicament (l’ANSM en France), lui permettant ainsi de s’assurer du caractère légal du site.
Recommandation pour éviter les médicaments contrefaits
En France chaque acteur de la chaîne pharmaceutique dispose d’un certain nombre d’informations :
Sur le site Internet de l’Ordre des pharmaciens : www.ordre.pharmacien.fr
Annuaire de l’ensemble des pharmaciens exerçant en France ainsi que leur lieu d’exercice, ce qui permet de vérifier si un pharmacien exerce sa profession en toute légalité.
Sur le site Internet de l’Afssaps : www.afssaps.sante.fr
Répertoire des établissements pharmaceutiques, qui permet de :
- Savoir si un établissement est autorisé par l’Afssaps ;
- Vérifier l’autorisation de mise sur le marché en France des spécialités pharmaceutiques, les éventuelles autorisations d’importations parallèles délivrées par l’Afssaps ;
- Communiqués de presse, point d’information et autres alertes sur la contrefaçon.
Via le fabricant de produits pharmaceutiques.
Pour conclure nous dirons que tous les médicaments sont aujourd’hui concernés par la contrefaçon ou falsification. En France les médicaments les plus falsifiés sont généralement les anabolisants, solution pour se blanchir la peau, traitement du cancer et surtout ceux pour les troubles de l’érection. Le consommateur français est protégé par un circuit de distribution très sécurisé, mais il s’expose quand il achète sur Internet.
Sources :
- Interview de Bernard Leroy, directeur de l'Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM) dans le Journal de mars 2014 .
- Guide à l’usage des pharmaciens - Médicaments et contrefaçon
- Congrès national de l’American Chemical Society le 19 août 2012 – www.voanews.com le 21 août 2012
- Communiqué du Leem - 16 décembre 2009
- Médicaments et contrefaçons - Guide à l'usage du grand public - guide d'information de l'Afssaps et de l'ordre national des pharmaciens
- Article L. 4223-1 du code de la santé publique
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Actualisé le 17.03.2021